Imagerie médicale – d’autres vecteurs ?

On peut envisager d’autres voies d’accès à la tumeur – pas seulement via la consommation de sucre comme on le fait en routine avec le FDG. En effet, la tumeur consomme aussi des acides aminés (pour fabriquer des protéines, des hormones, etc.), des graisses (de la choline en particulier, pour fabriquer des membranes cellulaires), des acides nucléiques pour fabriquer de l’ADN, etc. Une autre approche est possible en utilisant le fait que la tumeur exprime des récepteurs spécifiques, récepteurs aux hormones (oestrogènes, testostérone…), récepteurs antigéniques (interaction anticorps-antigène), récepteurs de croissance, etc.

Toutes ces voies sont actuellement envisageables (toutes ces molécules peuvent être radiomarquées avec du carbone 11, du fluor 18, etc.) et sont en cours d’investigation en recherche pour faire de l’imagerie des tumeurs « autrement », c’est-à-dire avec des objectifs différents que le simple fait de visualiser ou non les tumeurs.

Ainsi, dans un but pré-thérapeutique, on peut par exemple, avec des hormones radiomarquées au fluor 18, sélectionner les patients dont les tumeurs expriment des récepteurs pour ces hormones. Ces patients pourront bénéficier d’un traitement antihormonal, alors que les patients dont les tumeurs n’expriment pas de récepteurs aux hormones, pourront bénéficier d’autres traitements d’emblée, sans perte de temps.

On peut également utiliser ces nouvelles approches d’imagerie pour évaluer très précocement l’efficacité des traitements, avant même la réduction du volume de la tumeur (qui ne survient généralement que tardivement, après plusieurs cycles de chimiothérapie). On conçoit aisément l’impact important sur la prise en charge du patient : par exemple, en remplaçant plus tôt un traitement inefficace, on lui évite des effets secondaires inutiles et on augmente ses chances de guérison.

Pour illustrer les domaines de recherche avec la TEP et la nécessité de développer de nouveaux traceurs autres que le FDG, voici un exemple avec une patiente, ayant bénéficié d’une imagerie TEP au FDG et d’un second examen TEP avec un analogue des oestrogènes, la fluoro-oestradiol marquée au fluor 18 (FES).  Cette patiente ne montre pas – ou très, très peu – de lésions tumorales captant le FDG, alors qu’on voit que les lésions captent la FES (taches noires au niveau du thorax et des os, notamment les os du bassin), ce qui montre que cette patiente exprime des récepteurs aux oestrogènes. Ces récepteurs sont ciblés par la molécule FES et donc l’intérêt n’est pas ici de faire un bilan d’extension exhaustif, mais surtout d’identifier une patiente candidate à un traitement par des médicaments qu’on appelle anti-hormonaux. Si lors du suivi de cette patiente, l’imagerie TEP avec la FES devient négative, alors cela signifiera que le traitement anti-hormonal a bien été efficace.

FDG à gauche / FDS à droite

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